Stefon Harris explique l’improvisation musicale de Jazz. J’ai trouvé cette vidéo grâce à Impro-Bretagne. (Sautez l’impro du début si vous n’êtes pas intéressés par la musique en elle même… 6’30 environ)
Elle m’a frappé, parce que les concepts de base semblent très proches de l’improvisation théâtrale.
Cependant, je me suis dit qu’un improvisateur de match y entendrait sans doute quelque chose de très différent de moi. Tentative d’observation de deux points de vue différents :
Ce qu’un joueur de match entendra :
- Les erreurs n’existent pas tant que le reste du groupe l’intègrent.
- La rudesse met le bordel !
- Il faut écouter plutôt que d’être rude.
Pourtant, on peut interpréter très différemment son message :
- Le mot important à propos des erreurs est « react » ! Il faut réagir, et non pas l’ignorer comme si elle était normale ! Cette note a eu lieue, elle est étrange dans cet univers, elle doit y changer quelque chose. Pourtant, je vois très peu de gens réagir !
- Lorsque quelqu’un anticipe et « lead », c’est le bordel ! Il n’y a pas de leader, juste un groupe qui construit ensemble en ajoutant des touches tous ensemble.
- Il développe l’écoute en parlant d' »être ici et maintenant », c’est à dire, ne pas être dans sa tête, ne pas anticiper, mais créer « organiquement » une création avec le groupe entier.
Nul!!!! ¨pas intéressant c’est pom-ment analysé. 🙂
Deux réactions :
1) J’ai horreur des comparaisons Jazz / Improvisation théâtrale. Elles n’ont aucun sens, en tout cas dans le cas de l’improvisation pratiquée sur scène. Pourquoi ? Car les jazzmen passent des ANNEES à maitriser les classiques et leur instrument avant de se lancer dans l’impro. Alors qu’en improvisation théâtrale, on pousse des débutant sur scène (à tort ou à raison). Les comparaison et les interprétations sont biaisée si on ne prend pas en compte la maitrise de l’instrument dans le jazz qui change tout !
Un exemple : une erreur en jazz sera une « fauuse note ». Mais un trompettiste ne sifflera pas du mauvais bout de la trompette ! Alors qu’en improvisation théâtrale, par exemple, un débutant parlera à voix basse et dos au public. Youhou. C’est une erreur ? Ou juste une absence de maitrise de l’instrument (le corps, la scène) ?
2) Sur la gestion de l’erreur : c’est intéressant la réflexion sur la position face à l’erreur. Doit-on l’intégrer (en en faisant un élément standard de la réalité « Group Mind ») ? Ou la souligner (en l’intégrant à la scène avec le « First Unusual Thing » ou en l’intégrant au spectacle avec le « Again ») ?
Mais au final, ces discussion sont stérile car tout dépend de la définition de « l’erreur », et c’est là que le bat blesse et qu’on peut en parler pendant des heures. Or la plupart des groupes que je connais ne définissent pas la notion de « succès » (faire rire le public ? intéresser le public ? raconter une histoire ?), mais connaissent des « fautes ». Il y a là encore une grosse lacune qui rend très difficile l’interprétation de l’erreur et donc la position à avoir pour la gérer. Si tu définis le « succès » comme « raconter une histoire », alors un « erreur » est tout ce qui ne soutient pas narrativement la scène. Là c’est clair.
Sur le fond de la comparaison avec le Jazz, je ne m’y étais jamais trop intéressé… Cependant, j’ai trouvé le vocabulaire très proche de celui qu’on peut trouver en impro.
Je ne comprends pas bien comment le fait que les jazzmen maîtrisent parfaitement leur instrument rend la comparaison entre l’improvisation théâtrale et l’improvisation musicale caduque. Les improvisateurs devraient maîtriser aussi leur instrument… Il y a aussi des jazzmen qui ne maîtrisent pas parfaitement leur instrument, et qui sont dans un processus de perfectionnement et qui continuent à apprendre…
Je suis prêt à entendre pourquoi la comparaison n’est inutile, mais l’argument sur le fait que les jazzmen sont meilleurs que les improvisateurs, plus pro et plus sérieux ne m’en paraît pas un.
Pour le dernier paragraphe, est-ce que les jazzmen ont un standard pour un « bon » morceau ? Je ne pense pas… En revanche, ils ont des gammes, et certaines notes sont dans la gamme, pas d’autres…
Bien sur, dans l’ABSOLU, la comparaison n’est pas inutile. Mais l’improvisation théâtrale est dominée par l’amateurisme. Il faut prendre en compte cet état de fait.
De plus, la musique est bien plus codifiée que le théâtre. Il est donc plus facile de s’accorder sur les « bases » qui seront ensuite dépassées.
“Master your instrument, Master the music, and then forget all that bullshit and just play.” (Charlie Parker)