L’impro, c’est la recherche de ce moment magique où les comédiens ne contrôlent plus ce qui se passent et jouent transportés par l’inspiration.
L’impro idéale ne consiste pas à aligner 6 théoriciens capables de mobiliser plein d’outils, et de les voir se creuser la tête pour appliquer la bonne théorie au bon moment.
Non, on espère voir des gens improviser, c’est à dire faire des choses qu’ils n’ont jamais fait auparavant, prendre des risques, et construire ensemble, comme portés par un flot invisible.
La théorie, à la poubelle !
Vraiment ? Nan… Peut être pas !
À quoi ça sert alors la théorie ?
Tout d’abord c’est un outil indispensable pour enseigner l’impro. Je n’ai pas dit formidable, je n’ai pas dit utile, j’ai dit indispensable. Lancer une série d’exercices sans savoir pourquoi on les fait me paraît complètement aberrant. Être un bon improvisateur n’est pas forcément un bon enseignant. Il doit être capable de comprendre ce qui le rend bon, pour réussir à mettre ses élèves dans le même état, dans la même « zone ».
Doit-il alors enseigner la théorie ou simplement faire répéter les exercices à ses élèves et les corriger pour développer leur instinct à faire de bonnes scènes ?
Je me suis longtemps dit que c’était inutile d’enseigner la théorie, et que c’était une facilité lorsqu’on ne parvenait pas à développer l’instinct de ses élèves.
Cependant, je pense que ça reste utile de connaître de la théorie lorsqu’on joue.
Pourquoi ? Parce que quoi qu’il arrive, il arrivera toujours un moment où vous remonterez dans votre tête. Pas forcément pendant toute la scène, pas forcément à chaque scène, pas forcément à chaque spectacle, mais à un moment ou à un autre, ça arrivera… Et c’est à ce moment là que connaître de la théorie en tant que joueur vous permettra de vous replonger dans la scène.
Pour moi la théorie vous permet de vous remettre en situation d’improviser, parce que lorsqu’on remonte dans sa tête, en général, il y a une raison (rien ne se passe, je ne suis pas inspiré, l’autre refuse mes propositions, il est agressif, etc…). Reconnaître la situation permet de s’en sortir.
Cependant, la théorie n’est qu’une rustine. Le vrai travail, c’est parvenir à travailler ses instincts et faire tomber nos barrières qui entravent notre créativité. Mais c’est une rustine bien utile.