Cet article m’a été inspiré par un article que je lisais : Christine Angot critique le livre de Marcela Lacub sur DSK. L’article n’est pas directement lié à l’impro, mais elle a cette phrase qui a provoqué un déclic chez moi :
Merci à Jean-Michel Apathie d’avoir dit au « Grand Journal » à Eric Aeschimann qui se permettait de comparer mes livres à celui de Marcela Iacub, merci d’avoir répondu « mais Christine Angot ça n’a rien à voir, Christine Angot elle raconte comment son père l’a violée ».
Merci pour le « comment son père l’a violée ». Quand vous êtes dans la vie, non dans « l’expérience », vous n’écrivez pas « pourquoi » quelqu’un viole, assassine, extermine, vit, est ce qu’il est et fait ce qu’il fait, mais « comment », vous ne vous placez ni au-dessus ni en dessous, ni par-delà le bien et le mal ni en deçà, mais dans l’univers du « comment » et c’est ça qui vous demande tous vos efforts, car existe-t-il des mots pour dire comment se passe ce qui se passe, et suis-je capable de les remplir de sens et de vie autant que le réel en est rempli ? La littérature montre comment le réel tient.
J’ai trouvé que c’était extrèmement pertinent. La plus part des mauvaises impro, de la mauvaise littérature, des mauvais films essayent de nous expliquer des pourquoi… Pourquoi Hitler était un homme mauvais ? Parce que ses rêves d’artistes ont été brisés… Parce qu’un juif n’a pas retenu la porte pour lui à l’entrée d’un magasin. Parce que sa mère ne l’embrassait pas assez… On finit avec des morales simplistes qui laissent un goût artificiel écoeurant dans la bouche…
En revanche, lorsqu’on essaye de montrer comment, on parvient à montrer l’immontrable. L’improvisation est alors un outil formidable, car il suffit de rester dans l’instant, de rester sincère et vrai, et de continuer la scène moment par moment, sans se projetter vers ce qu’on veut montrer, ni vers une morale qu’on veut tirer.