C’est un de mes terme préféré en ce moment pour expliquer ce que j’ai envie de voir sur scène… Pour moi, il n’y a pas d’art sans vulnérabilité. Pas d’art sans exposer une part fragile, obscure, non résolue, de soi. Je vais vous raconter les 4 niveaux de vulnérabilité que je vois dans l’improvisation.
Niveau 1
Monter sur scène est vulnérable. C’est s’exposer au jugement et aux réactions d’un public. C’est déjà une grosse étape ! Cependant, on compense souvent cette vulnérabilité par des mécanismes de défense :
- être négatif·ve
- être détaché·e / ne pas réagir
- être méchant·e avec ses partenaires de scène
- contrôler où va la scène
- refuser de perdre un jeu ou dans une scène
- éviter de faire des personnages « méchants » ou moralement critiquables
En une phrase : on s’expose derrière un masque
Niveau 2
Lorsqu’on développe un peu plus de confort sur scène, on abandonne ces mécanismes de défense, et on accepte de jouer avec enthousiasme, naïvité, on accepte de perdre, d’être le dindon de la farce, d’être moqué·e…
En une phrase : on s’expose
Niveau 3
A partir de ce niveau de vulnérabilité, on créé du contenu à partir de notre propre vécu. On réalise que notre propre vécu est le seul sur lequel nous avons une perspective unique. On créé donc du contenu à partir nos relations, de nos expériences… Ce n’est pas un regard vers l’extérieur que nous projetons, mais un regard vers nous même.
C’est une étape difficile, car ce qu’on sait sur nous même nous paraît évident. Mais cette évidence n’est pas universelle, et elle permet au public soit de s’identifier et se reconnaître, soit de découvrir quelque chose de neuf.
En une phrase : on révèle une part de soi.
Niveau 4
Lorsqu’on commence à révéler une part de soi, on commence souvent par les morceaux résolus, les morceaux heureux, les morceaux faciles. Et c’est déjà très bien. Mais je crois qu’on rentre vraiment dans le contenu le plus intéressant lorsqu’on explore les parties de nous qui ne sont pas résolues, dont nous avons honte, part de notre intimité.
En une phrase : on révèle des parts de sois intimes ou non résolues.
Le mot de la fin
La vulnérabilité ne veut pas dire livrer un contenu traumatique égocentré sans distance sur scène. Il s’agit d’utiliser ce matériau vulnérable et d’y apporter de la distance, de la légerté, de l’utopie, de la tendresse.