Je ne veux pas jouer avec des agresseurs. Je ne veux pas prendre de cours enseigné par un agresseur. Je ne veux pas aller prendre un verre avec des agresseurs. Ni avec leurs complices. Et je pense que c’est partagé par les personnes qu’ils ont agressées. Et toi?
Paye Ton Impro nous raconte de nombreuses histoires d’agressions sexuelles sur scène et hors scène. Dans des cercles intimes se racontent des histoires encore plus effarantes.
Le monde de l’improvisation français n’a pas encore fait son travail de sortir les agresseurs de notre communauté. Ils sont toujours là, et je pense qu’on est au point où il faut qu’on se retrousse les manches et qu’on y fasse quelque chose collectivement.
Exclure
Ce n’est pas une question de s’il faut exclure ou pas. C’est une question de qui ont exclut. Le choix est simple: soit on choisit d’exclure les agresseurs, soit on choisit d’exclure leurs victimes, car pour la plus part, ce sont des femmes qui vont soit arrêter l’improvisation, soit qui ne vont pas pouvoir accéder à certaines opportunités.
Clairement, le choix moral me semble s’imposer. Cependant, un homme peut agresser de nombreuses femmes, donc même d’un point de vue du nombre, il est probablement préférable d’exclure une personne plutôt que d’en perdre des dizaines.
Mais la loi?
Il est bien plus confortable de penser que c’est à la justice de faire ce travail, mais ça ne me paraît pas être une réponse satisfaisante.
L’insee estime que 0.6% des viols ou tentative de viol ont donné lieu à une condamnation en 2020. Ces chiffres sont très cohérents avec différentes études dans différents pays. La justice n’a pas trouvé de bonne réponse au traitement des violences sexistes et sexuelles.
Et la présomption d’innocence? La présomption d’innocence est un principe judiciaire qui s’applique au déroulement d’un procès et aux journalistes qui la couvrent. Rien ne vous empêche de croire les personnes qui témoignent et de vous forger votre propre opinion quand à la culpabilité d’une personne. Si vous considérez qu’une personne est innocente tant qu’elle n’a pas été condamnée, vu les chiffres de l’insee, vous aurez tort dans 99% des cas.
« In dubio pro reo ». Ce principe invite les juges à ne pas condamner une personne accusée lorsqu’iels ont un doute. Ce principe me paraît très important pour un juge, car il va prendre une décision qui va affecter la liberté de l’accusé, et potentiellement lui faire payer une forte amende. Cependant, ce n’est pas un bon principe communautaire. En effet, en tant qu’individu ou groupe, nous exerçons simplement notre liberté de jouer avec certaines personnes et pas avec d’autres, d’embaucher certaines intervenantes au profit d’autre, de collaborer avec certaines personnes et pas d’autres. On est sur un enjeu très différent, et donc il me paraît important que dans notre société sexiste et dans notre communauté d’improvisation où de nombreuses femmes ont été agressées, dans le doute, nous prenions le parti de croire les victimes. Les fausses accusations sont extrêmement rares, et personnellement, je préfère me planter une fois de temps en temps en refusant de jouer avec un improvisateur que de prendre le risque de jouer avec des violeurs.
Histoires interpersonnelles
Mais on peut rien faire si les agressions ne se sont pas passées dans le cadre de l’impro!
Si. Je peux vous garantir que si je vous invite chez moi, et que juste avant de rentrer un de vos amis vous retourne une paire de giffle, je ne vais pas vous dire « déso, ça s’est passé en dehors de l’appartement, donc je ne peux rien faire ». Je vais demander à l’agresseur de partir. Parce qu’encore une fois : je ne veux pas boire des coups avec des agresseurs.
Qu’est-ce qu’on fait?
Tout d’abord, j’ai créé une communauté What’s app pour se consacrer à la question. Contactez moi par le formulaire du site pour avoir plus de reseignement.
Ensuite, il est crucial qu’on partage les noms des agresseurs. C’est un sujet épineux car faire une fausse accusation (au sens judiciaire) peut être caractérisé comme de la diffamation. J’ai vu de nombreux agresseurs utiliser la justice pour réduire au silence les personnes qui voulaient les dénoncer.
Je vous propose donc le système suivant : ce formulaire est un formulaire de récolte de témoignages qui pourront être anonymes. Le contenu partagé dans ce formulaire ne sera récolté que par moi, cependant, il est possible qu’à l’avenir, je propose à d’autres personnes de confiances de participer à la gestion du recueil et du tri des témoignages.
Les témoignages seront utilisés de façon anonyme pour informer les organisateurices de la participation à leur troupe/évènement de personnes accusées d’agressions. Je ferai une forme de communication en cours de réflexion sur comment les personnes ont géré la situation, comme par exemple lister les troupes et les festivals qui n’embauchent pas des agresseurs.
Parlez en!
Il est crucial d’en parler. Premièrement pour récolter les témoignages. Deuxièmement pour faire passer le message aux organisateurices : nous ne voulons plus trinquer avec des agresseurs.
Alors je vous invite à partager cet article. Contactez moi si vous souhaitez le relayer, en parler, aider.