Ca arrive tout le temps ! Sans arrêt…
Deux joueurs sur scène commencent à créer un beau moment : tendre, poétique, douloureux, émouvant en tout cas. Le public jubile intérieurement, les joueurs en réserve aussi. Et là, bim ! Une blague !
Hé hé hé… Le public ris, les joueurs en réserve aussi, mais au fond, tout le monde est un peu déçu.
Pourquoi, mais pourquoi faisons nous cette blague qui vient briser l’atmosphère qu’on vient de poser ?
Parce que c’est sacrément difficile de pas être drôle. Dès que vous vous lancez dans une ambiance différente de l’humour, vous n’avez plus de retour sonore du public. Et c’est vrai qu’avoir un rire toutes les 30 secondes lorsqu’on est sur scène, ça rassure, on se dit que le public passe un bon moment.
Prendre le risque d’aller chercher d’autres émotions, ça coupe le retour. On entend moins le public réagir. Et au delà de ça, la situation nous met mal à l’aise : exprimer des sentiment ou des émotions fortes, ça met mal à l’aise… Alors on détend l’atmosphère, et vu que nous sommes tous des billes de clown dans le fond, on fait une blague !
Et c’est encore pire en groupe. A la limite, lorsque vous êtes seul sur scène, on peut envoyer un monologue sans blague avec une émotion forte… Mais dès qu’on est deux, il faut prendre le risque à deux, ou à plus, et il y en a toujours un qui finit par faire une blague.
Luttons ! Luttons contre ce penchant… Et c’est extrêmement difficile ! Mais pour une fois, soyons sérieux !
JE partage ton avis pour moi l’improvisateur marche dans une histoire comme sur un fil.
JE crois que ces blagues sont des blagues destructrice (cette notion de cabotinage du moins plus ou moins) elles peuvent détruire des histoires… même drôles en fait.
Je crois qu’il est possible de basculer d’un registre à l’autre dans une scène.
EX: Deux tueurs à gages discutent de leur impôts juste avant de tuer quelqu’un et s’amuse à estimer la somme que leurs « client » doit payer en regardant son appartement.
A priori on est dans un scène comique.
Si arrivée devant la chambre l’un des assassin fait « chut il est juste là j’ouvre. Eteins la lumière »
Noir
bruit de coup de poing
le client « Qui êtes vous? »
Assassin: « la dernière voix que vous entendrez sur terre »
A priori la scène bascule dans un thriller. Et le public y crois.
Je ne crois pas que l’humour soit destructeur dans une scène pas drôle. il peux créer des respirations, une pause.
Tant que le public croit à l’histoire.
Ces éléments qui fait que le public ne croit plus à l’histoire peuvent être les gags destructeurs mais pas que… et c’est dur de tous les définir et de les trouver.
J’ai l’impression que c’est parfois pire encore que ça.
C’est clair que je me plante les ongles dans les cuisses quand une blague sort au milieu d’une belle impro tout en émotions, genre une dramatique, mais j’ai parfois le sentiment que même quand ça n’est pas drôle, on a un bout de public qui ne comprend qu’en impro on peut faire autre chose que du gag. Pour moi, c’est encore ça le plus frustrant.
Après, on dira qu’il faut « éduquer son publique » et tout ça, d’accord. C’est aussi le type de spectacle qui induit le public et tout ça, d’accord. Mais quand même, c’est difficile de trouver le bon ton, et même quand j’ai l’impression que c’était bien, que c’était juste, que ce n’était pas drôle mais poignant à vous tirer les larmes, on a toujours des gens qui gloussent…
C’est amusant que tu postes ce commentaire maintenant, parce qu’il me rappelle une conversation que j’ai eu avec Mark des Improfessionals juste hier soir !
Il me racontait qu’il avait joué un Match, et qu’il ne s’était pas trop amusé, et que les impro n’étaient pas terribles. Pourtant, dans ce marasme, le public lui avait quand même accordé l’étoile d’or. Il l’interprétait comme la reconnaissance de quelques moments vrais ou émouvants.
Je pense qu’un des principal problème avec le public dans les spectacles d’impro, c’est qu’en général, ce sont pour moitié d’autres improvisateurs, et pour l’autre moitié, des amis de la troupe. Il n’est donc pas forcément facile de se détacher de « tiens, c’est mes copains qui font des blagues sur scène ».