J’ai une terrible nouvelle à vous annoncer…
Pendant longtemps, j’ai cru que parce que le public riais, j’étais drôle… C’est malheureusement faux !
Il existe des tas de raisons qui font que quelqu’un va être amené à rire. Les improvisateurs cherchent tellement le rire parfois qu’ils ont tendance à aller vers des rires qui ne sont pas ceux provoqués parce qu’ils sont drôles.
Et si on essayait de faire une liste des raisons qui vont provoquer un rire du public :
- Le public peut rire parce qu’il est mal à l’aise : on a tendance à avoir un rire nerveux pour briser la glace, ou rompre la tension d’un moment désagréable. C’est le genre de rire qu’on obtient lorsqu’on mange des organes, qu’on vomit, qu’on torture quelqu’un… Est-ce ce genre de rire que vous voulez ?
- Le public peut rire pour se moquer de vous (de l’acteur, pas du personnage) : vous venez de prendre une voix ridicule, vous avez enfilé une perruque, vous trébuchez en montant sur la scène, vous décrochez, etc…
- Le public peut rire parce que vous attendez de lui qu’il rie : vous venez de dire quelque chose de complètement absurde : la scène parlait de d’un chauffeur de camion amoureux d’une voix à la CB, et d’un coup, le chauffeur appelle son cousin pour lui proposer un don d’organe. Le public aura sans doute un rire parce que vous avez fait ça pour les faire rire. Ce n’est pas très drôle en soi, mais le public sait qu’on attend de lui qu’il rie, et comme il est sympa, et que chaque individu ne veut pas se retrouver seul à ne pas rire, personne ne prend le risque, et lâche un petit hoquet d’amusement.
- Le public peut rire parce qu’il a vu une référence à quelque chose : une autre scène, un film, etc. Ce n’est pas vraiment drôle, mais c’est une façon de dire « j’ai compris ! ».
- Le public peut rire parce que c’est drôle… Oui, il rit aussi pour ça !
Aller chercher le rire à tout prix peut mener à bien des bassesses… Et surtout, c’est quelque part la différence lorsque Keith dit something « gets a laugh » (remplacer somthing par : une proposition débile, un blocage, etc.) et lorsqu’il parle de quelque chose de « funny ». Ce n’est pas parce que votre public rit que c’est drôle… ni même intéressant !
Extrait de : http://www.comedycouch.com/interviews/kjohnstone.htm
GM: Do you believe the story is more important than the comedy or entertainment?
KJ: I think you go for the story and you go for relationships and then the audience finds it funny. But if you go for funny, you’re in trouble. If it’s a three-hour show, you have to use variety. I quite often, at the Moose in the old days, I’d hear them discussing some scene that really wasn’t very funny but that people laughed at hugely. And I’d have to say, « No, it’s not the scene, guys. The scene before was a little bit emotional. » If you do a scene that’s a bit emotional, they’ll laugh more at the next scene. But if your only aim is to be funny, wherever you slice the cake, it’s the same cake. My image comes from food a lot. If you went to a restaurant and you say, « This food is disgusting », and they say, « Ah, but sir, you don’t realize, the cook is improvising », it wouldn’t cut any ice, would it?