Nous sommes violents parce que nous ne savons pas nous faire aimer !

Ca fait longtemps que j’ai remarqué que notre troupe, mais plus généralement les improvisateurs ont une certaine tendance à être extrêmement violents sur scène dans ce qu’ils montrent.

Des scènes horribles, de torture, de meurtre, etc… C’est souvent très désagréable à regarder. C’est en plus complètement en opposition avec la règle de bienséance du théâtre classique.

J’avais du mal à comprendre pourquoi nous nous lancions dans ce genre de scènes morbides et sanglantes. Qu’est ce qui nous poussait à aller par là ?

J’en suis arrivé à la conclusion que ça partait d’une bonne intention. Nous voulons remuer le publique, le faire réagir au sort de nos personnages, le faire compatir. Et le seul moyen que nous avons trouvé, c’était cette violence, ce qui me rappelle une de mes citation favorite d’Isaac Asimov « La violence est le dernier refuge de l’incompétence« .

Pourquoi incompétence ? Parce que si nous étions obligés d’en arriver là, c’est parce que nous ne parvenions pas à rendre nos personnages attachants.

Un être qu’on adore et qu’on chérit, la moindre petite perturbation qui viendra altérer l’adoré provoquera un grand émoi ! Alors que pour un personnage quelconque, sans profondeur, auquel on est pas attaché, on est obligé d’aller chercher dans les pires bassesses qu’on ne pourrait souhaiter à personne pour émouvoir !

Comment attacher le public à nos personnages pour éviter d’en arriver là ?

  • Commencez positifs !
  • Dîtes qui ils sont. Prenez le temps de les décrire dans leur quotidien. On ne s’attache pas à un homme vague qui fait des trucs mais qui a un problème pour le faire parce qu’il lui manque un machin. On s’attache plus facilement à François, professeur de mathématiques qui va tous les jours au lycée à vélo, et qui le soir aime fumer la pipe et boire du thé en regardant le journal avec son chien.
  • Soyez profondément affectés par tout ce qui se passe sur scène. Les gens ne s’attachent pas vraiment aux reptiles à sang froid. De plus, si on montre que de simples choses ont des fortes conséquences pour nos personnages, on aura pas besoin de les mutiler pour qu’ils soient très altérés.

Si malgré tout vos efforts, vous en arrivez à une scène de torture, même si sur scène vous avez l’impression d’être bien, c’est rarement agréable à regarder, n’hésitez donc pas à couper la scène (« Mesdames et messieurs, pour des raisons de bienséance, vous ne verrez pas la scène qui suit. Sachez simplement qu’après 20 minutes de sévices, Clarence va enfin révéler à Maxime pourquoi elle le séquestre dans sa cave »). Le public vous en sera reconnaissant, et si vous inspirez les joueurs sur scène, eux aussi seront reconnaissants !

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