Hier, j’ai passé la journée avec Ira Seidenstein, au cours d’un atelier organisé par les Improfessionals.
Présenté comme un atelier de clown, le travaille d’Ira dépasse largement cet aspect qui peut repousser par sa spécialisation.
Ira travaille avant tout sur le corps, comme outil, mais aussi, et surtout, comme source d’inspiration.
L’atelier était vraiment exceptionnel car il a ouvert des portes en moi dont j’ignorais l’existence.
Vous lirez souvent en improvisation qu’il faut s’inspirer de son corps. Et j’avais beau essayer, j’étais bien en peine de parvenir à un quelconque résultat satisfaisant. Pourquoi ? Parce que j’essayais de m’inspirer d’une partie seulement de mon corps : tiens, je vais faire bouger mes bras comme ça, et on va voir ce que ça donne… Mais, il s’avère que le résultat est bien faible. Ce qu’Ira m’a apporté, c’est une prise de conscience de mon corps en entier, divisé en trois morceaux : le buste, les bras, les jambes. Lorsque l’ensemble du corps bouge, l’inspiration d’un personnage, d’une situation, devient très facile.
Jusqu’à présent, j’avais besoin de puiser mon inspiration dans le public ou dans mon partenaire, mais j’ai ressenti avec la méthode d’Ira comment on peut également puiser l’inspiration en soi. Et c’est clair que si on demande de l’inspiration à son cerveau, il ira chercher une série de clichés issus de notre mémoire. Le corps est plus intelligent que ça…
Un autre point qui m’a marqué également, c’est l’idée qu’on doit laisser son corps faire, et ne pas tenter de le guider. Si on tente de reproduire un mouvement qu’on observe, ou de jouer à couper du bois, on reste souvent bloqués dans ce simple mouvement, car il émane de notre cerveau. Alors que si on laisse notre corps faire, il nous fournira les détails, et il évoluera, guidant notre inspiration, ce qui évite de rester enfermer dans sa tête tout en « coupant du bois ».
On peut ressentir des parallèles entre la méthode d’Ira et celles de Del Close ou de Keith Johnstone, car Ira dédramatise l’échec, et il oriente les « scènes » dans une direction proche de la notion du jeu de la scène et de l’organique (rien n’est à jeter dans une scène, et tout peut être considéré comme une proposition).
Pour finir, j’aimerai partager avec vous un exercice qu’il nous a proposé, car la mise en scène est fascinante :
- Une personne se tient au centre de la scène, neutre.
- Trois personnes sont en réserve.
- Chacun son tour, ils vont aller au centre de la scène en adoptant une « marche » (walk), qui s’apparente à une démarche, mais mieux définie.
- Lorsque le marcheur arrive près du joueur au centre, il lui murmure une phrase à l’oreille (quelque chose d’intelligible), puis continu son chemin.
- La personne au centre prend quelques secondes puis s’inspire corporellement de ce qui vient de lui être murmuré.
- Lorsqu’elle le souhaite, elle revient à une position neutre.
L’effet pour les spectateurs est fascinant, car on voit émerger quelque chose du néant, et on ne peut pas s’empêcher de se demander ce qui a été murmuré !
Je pense que ça peut être une bonne source d’inspiration pour un spectacle !
Une dernière chose qui m’a beaucoup plut : Ira dit qu’il a toujours un professeur, et un mentor.