Gusto !

J’ai découvert ce matin qu’enthousiasme voulait originellement dire inspiré ou possédé par une présence divine.

Wow ! Je n’avais jamais fait de lien aussi direct entre enthousiasme et inspiration, mais ça se connecte à beaucoup de choses !

Effectivement, beaucoup d’échauffement d’impros, qu’on fait pour se « mettre en énergie », ont sans doute pour rôle justement de stimuler notre enthousiasme, et donc notre inspiration. (Ils ont également pour rôle de nous faire accepter l’échec avec bon fond, et de stimuler notre spontanéité, mais ce n’est pas le propos)

La description m’a également fait penser à Del Close qui invoquait pendant ses séances les Dieux de l’inspiration afin qu’ils fournissent des idées aux joueurs.

L’enthousiasme, un peu comme l’ivresse, éradique le censeur qui nous retient, et relâche notre créativité. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé de rester sobre à une soirée arrosée, mais l’enthousiasme pour la soirée peut donner un comportement proche de l’ivresse.

Pour les grecs, un enthousiaste était quelqu’un possédé par un Dieu.

Ca m’a fait penser à cette conférence :

L’anecdote à propos de Tom Waits est fascinante. Tom Waits était torturé par son art, avec l’angoisse de ne plus réussir à capturer d’instant de génie, et ça le faisait souffrir. Un beau jours, alors qu’il conduisait, une mélodie lui est venue, et il a commencé à paniquer, parce qu’il n’avait rien pour noter et qu’il conduisant. Il s’est alors tourné vers le ciel, et a lancé : « Hé ! Vous ne voyez pas que je suis en train de conduire ? Si vous voulez exister, revenez à un moment où je serais plus disponible ».

J’aime beaucoup cette représentation de l’artiste comme réceptacle d’idées divines, et ça joue un rôle très important dans la déresponsabilisation de l’artiste vis à vis de son œuvre, ce qui libère sa créativité.

Et c’est très important pour les improvisateurs de ne pas se sentir responsable de la scène pour la liberté que ça procure.

En revanche, mon côté scientifique refuse de croire à ce processus. Je pense plutôt que comme le transmet Keith, notre créativité, nos impulsions et nos instincts viennent d’une partie assez indépendante de notre cerveau, et ne représente en rien notre personnalité. Jean Paul Sartre nous explique (si je ne m’abuses) que nous sommes la somme de nos choix. Notre personnalité c’est donc la partie qui fait le tri entre toutes nos idées. La partie qui dit « ça c’est bien, ça c’est mal, ça c’est intéressant, ça c’est nul », mais pas la partie qui crache des idées en pagaille.

On peut alors dire qu’on est quand même responsable de cette partie, mais je ne crois pas, parce que l’improvisation est une création de groupe, et qu’on est stimulés par nos partenaires, par le public, par l’environnement, par ce qu’on a vécu avant et pendant le spectacle.

Cependant, une fois qu’on a atteint un point où on est capable de totalement faire partir le censeur à volonté, il devient important d’être capable d’avoir aussi un regard sur son contenu et son message pour éviter de diffuser des propos dégradants envers les femmes, les gros, les handicapés, les noirs, les arabes, et tous ces gens aux dépends desquels on rit…

Pour conclure, l’enthousiasme est un aspect absolument central de l’improvisation, et il est important pour un directeur de savoir maintenir cette atmosphère d’enthousiasme, mais il est également importants pour tous de venir aux ateliers, aux spectacles, aux entraînements avec cet enthousiasme, et de le maintenir. Je crois que l’enthousiasme n’est pas un simple état mais qu’on peut réellement apprendre à l’être et à le rester !

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